Prendre soin de soi après une fausse couche

L'avis d'experte de la naturopathe Stéphanie Jreijiri, fondatrice d'Equilibre au féminin, que vous pouvez retrouver sur son compte instagram.

La fausse couche est un arrêt précoce et spontané d’une grossesse, intervenant dans les 22 premières semaines, plus fréquemment avant la 14ᵉ semaine. C’est un événement assez courant, puisque environ une femme sur 5 en vivra une au cours de sa vie. Les causes peuvent être une anomalie chromosomique, une malformation utérine, un dérèglement hormonal, des carences ou bien une cause inconnue. Néanmoins, il peut être douloureux à vivre, et ne doit pas être ignoré, pour pouvoir en faire le deuil et se préparer à concevoir à nouveau, dans les meilleures conditions.

« En tant que femmes, nous n’avons pas d’espace de parole pour discuter de la profondeur de cette perte. J’ai perdu neuf enfants par fausse couche. Ce n’est rien, physiquement ni émotionnellement, mais on nous fait sentir que c’est quelque chose à vivre seule et secrètement, avec un sentiment d’échec. » Sharon Stone

 

Quels sont les symptômes liés à une fausse couche ? 


Physiquement, il peut y avoir des sensations de douleurs de règles, des pertes marron clair puis plus foncées, allant jusqu’au rouge, peut-être des caillots de sang, ainsi que des douleurs au bas ventre ou même dans le dos.

Elle peut également être ressentie de manière plus instinctive, par la femme enceinte, qui sent que quelque chose ne va pas.

Dans tous les cas et dès qu’il y a un doute, il faut consulter un professionnel de santé pour confirmer ou infirmer la fausse couche. Si celle-ci est confirmée, il ou elle vous indiquera la marche à suivre, car la fausse couche peut se faire complètement naturellement ou nécessiter une intervention médicale.

 

Que faire après une fausse couche ? 

Concrètement, que pouvez-vous faire après une fausse couche ? C’est un événement qui peut amener des douleurs physiques et émotionnelles, vous n’êtes pas seule à vivre cela. La perte d’un bébé nécessite de prendre soin de soi de manière similaire à un accouchement. Elle n’a d’ailleurs rien de "faux" et devrait plutôt s’appeler « grossesse interrompue ». En effet, il y a une perte de sang semblable, parfois un poids au niveau du périnée, un chamboulement hormonal…

Suite à la fausse couche et pendant 2 semaines, il ne faut pas utiliser de tampon ou coupe menstruelle mais plutôt des serviettes ou culottes menstruelles. On évite aussi de faire l’amour, pour limiter le risque d’infections.

Une fausse couche ne nécessite pas de « nettoyer » son ventre ou son utérus, néanmoins, le corps ayant vécu une épreuve importante, les plantes peuvent être d’une aide précieuse pour l’aider à se rétablir.

Les plantes alliées, à utiliser en tisane, en teinture-mère ou en soin selon la plante :

  • Feuilles de framboisier : favorise l’équilibre hormonal, permet de retrouver des cycles réguliers, tonifie l’utérus et le périnée, apaise les crampes grâce à ses vertus anti-spasmodiques.

  • Hamamélis : participe à la régulation de l’hémorragie (si saignements importants), c’est aussi une plante avec des propriété anti-inflammatoire

  • Achillée millefeuille : calme les douleurs pelviennes et également anti-inflammatoire

  • Camomille matricaire : apaisante pour le système nerveux

  • Ortie : reminéralisante (si saignements importants)

 

Trois bocaux avec des fleurs et des plantes pour faire des tisanes conseillées par la naturopathe après une fausse couche

Vous pouvez vous rendre en herboristerie pour faire faire un mélange de tisane, ou vous faire conseiller par un.e naturopathe.

Si la perte de sang est importante, une prise de sang vous permettra de vérifier votre taux de fer. Une complémentation peut être indiquée, seulement si la carence est confirmée, car trop de fer est délétère pour l’organisme.

Les huiles peuvent être d’un grand secours, en application locale :

  • De l’huile végétale d’arnica, analgésique et anti-inflammatoire : en massage sur le bas ventre ou le dos

  • De l’huile végétale de millepertuis, apaisante (crampes) et anti-inflammatoire : en massage sur le bas ventre mais aussi sur le plexus solaire

Vous pouvez ajouter une goutte d’huile essentielle avec l’huile végétale, comme l’orange douce ou le citron, qui calme l’anxiété (en massage sur le plexus solaire) ou celle de néroli, qui favorise la paix intérieure et la confiance en soi. Elles peuvent également être utilisées en olfactif.

 

Prendre le temps de faire le deuil après une fausse couche

Il arrive souvent que les couples n’annoncent pas la grossesse avant la fin du 3ème mois, car ils craignent des risques comme la fausse couche. Si la grossesse n’est pas connue de l’entourage personnel ou professionnel ou que le corps médical banalise la situation, il peut être difficile de vivre pleinement l’épreuve de la fausse couche. Beaucoup de femmes et de couples se retrouvent dans cette situation, sachez que vous n’êtes pas seul.e.s, des cercles de paroles existent et des expert.e.s comme des psychologues et les réseaux de santé périnatal peuvent également vous aider à traverser ce moment douloureux.

Bien que nous ne parlions que très peu de la fausse couche en société, prendre le temps d’accepter ce qu’il vient de se passer pour pouvoir aller de l’avant et envisager de concevoir à nouveau est important.

Pour celle.ceux qui a.ont vécu la fausse couche physiologiquement, s’écouter et se reposer si le corps le demande et que l’on en ressent le besoin peuvent être des moments salvateurs. Prendre quelques jours si cela est possible, ralentir le rythme et prendre du temps pour soi peuvent aider à affronter cette épreuve. Émotionnellement, un sentiment de culpabilité peut être ressenti, c’est pourquoi il est important de l’accueillir, le prendre en compte et de faire la paix avec nous-même.

Il existe différentes façons de gérer la fausse couche.

Tout d’abord par la parole qui peut être libérée, dans le couple si la grossesse est vécue à deux, avec ses proches, un.e thérapeute que l’on soit en couple ou seul.e. Le processus de guérison peut également passer par l’écriture.

D’autres alternatives peuvent aider avec des thérapies passant par le corps avec des massages, de la réflexologie plantaire, de l’ostéopathie, du yin yoga (yoga doux). Côté alimentation, on mise sur des plats réconfortants et chauds, du bouillon de poule… Les fleurs de Bach peuvent aussi être d’une grande aide : l’étoile de Bethléem (fleur du réconfort) ou le pin sylvestre (pour celles qui se sentent responsables).

Si l’on en ressent le besoin, on peut mettre en place un rituel pour clôturer l’espace, faire le deuil de ce qui a été vécu et tourner la page.

Le soin rebozo englobe toutes ces techniques : c’est une cérémonie traditionnelle mexicaine, qui peut être pratiquée à la suite d’un accouchement, d’une fausse couche, d’un deuil ou d’un changement de vie important… Elle comprend un moment d’échange verbal, un massage, un bain chaud aux plantes, un enveloppement et un resserrage avec les « rebozo ». Ces tissus mexicains vont être serrés autour du corps de la femme, notamment au niveau du bassin. Ce rituel peut être pratiqué par une doula, accompagnée du ou de la conjoint.e ou d’un.e proche. Il permet une grande relaxation et favorise un retour de l’énergie.

 

Comment adapter son alimentation après une fausse couche ? 


Il arrive souvent que la phase de préconception soit oubliée alors qu’elle peut être fondamentale et permet de réduire les risques de fausses couches. Avant de concrétiser une envie de concevoir, préparer le corps et l’esprit peuvent aider la phase de conception pour les deux partenaires.

En effet ces conseils sont valables pour le couple et pas uniquement la femme qui porte l’enfant !

La fausse couche peut être l’occasion de prendre quelques mois pour nettoyer le corps et gérer son stress quotidien afin de le préparer au mieux à accueillir une nouvelle grossesse et faire de la place pour cet enfant qui arrive.

Concernant l’alimentation, privilégiez les fruits et légumes ainsi que les bons acides gras (omega-3), réduire le thé, café, alcool, cigarettes, sodas et les produits transformés.

Il vaut mieux éviter également les aliments trop sucrés et raffinés car par excès, ils perturbent l’équilibre hormonal.

Concrètement pour combler les carences, voici ce que l’on conseille de consommer (pour l’homme et la femme) :

  • Des acides gras omega-3, qui réduisent les risques de fausse couche et favorisent l’équilibre neuronal pour la mère et le fœtus ainsi que la qualité des spermatozoïdes pour le père : petits poissons gras, huiles végétales (colza, cameline), noix, graines de chanvre, courge et chia, algues, œufs label Bleu Blanc Coeur…

  • De la B9, indispensable pour le bon développement du fœtus (+ en complémentation pour la femme dès 3 mois avant le désir de grossesse) : épinards, mâche, noix, brocolis, levure de bière…

  • De l’iode, nutriment essentiel pour le bon fonctionnement de la thyroïde, régulateur de l’organisme : algues marines, poisson, crustacés, oeufs

  • De la vitamine E, qui limite le risque de fausse couche et les douleurs mammaires : germe de blé, huiles végétales (colza, cameline), amandes, noisettes, avocat…

  • Du zinc, indispensable au système immunitaire : germe de blé, oléagineux, légumineuses, fruits de mer et crustacés, viande

  • De la choline, qui participe au développement des performances cognitives du futur bébé et réduit le risque de pré-éclampsie : œuf (surtout le jaune, à consommer coulant), betterave, épinards, quinoa

  • Du calcium, nécessaire pour la formation du squelette du fœtus et réduit les risques de pré-éclampsie : amandes, choux, brocolis, poissons gras, algues (dulse et wakame), soja, haricots blancs et rouges

  • Du magnésium, qui agit sur l’équilibre nerveux et émotionnel, fondamental pour une conception (+ en complémentation si le stress est très présent) : oléagineux (amandes, noix, noisettes), banane, chocolat noir, céréales complètes, dattes, légumes verts

  • De la vitamine D, nécessaire notamment à la bonne assimilation du magnésium et du calcium et réduit les risques de pré-éclampsie et de diabète gestationnel (+ en complémentation car difficile à combler) : poissons gras, soleil

Pour éviter les perturbateurs endocriniens : on favorise une alimentation bio, des contenants en verre plutôt qu’en plastique, vous pouvez également filtrer l’eau du robinet et utiliser des produits ménagers et cosmétiques bio.

Le stress joue aussi un rôle important dans la fertilité : le cortisol (hormone du stress) et la progestérone (qui favorise la nidation) sont produites à partir de la même hormone : la prégnénolone. En cas de stress, le corps priorise le cortisol au détriment de la progestérone, pouvant provoquer des fausses couches. Diminuer le stress peut passer par faire du sport régulièrement, passer du temps en plein air, à l’extérieur, se faire masser, méditer, faire des exercices de respiration, gérer les facteurs de stress présents dans votre environnement…

Suite à une fausse couche, la réflexologie, l’acupuncture et l’ostéopathie sont des techniques intéressantes pour préparer une grossesse.

Enfin, vous pouvez faire une détox avant la conception tout comme après une fausse couche, puisque le corps connait dans ces moments un important chamboulement hormonal, qui fait beaucoup travailler le foie notamment. Cependant faire une detox nécessite d’être en bonne forme et on recommande de la faire plutôt au printemps et à l’automne, c’est pourquoi il est préférable d’être accompagné.e par un.e naturopathe pour l’adapter à votre situation. Attention la détox n’est pas adaptée si vous êtes en train de concevoir ou enceinte !

 

Pour récapituler, après une fausse couche, on privilégie la bienveillance avec soi-même et son corps :
  • Pour prendre soin de vous : bain, massage, cocooning, alimentation saine mais réconfortante, tout ce qui vous fait du bien
  • Passez du « quality time » avec votre conjoint.e et/ou vos proches : vous pouvez en discuter et traverser cette épreuve entourée, c’est ok de demander de l’aide. Si vous préférez prendre du temps seul.e.s ou entre femmes, sachez qu’il existe des groupes de paroles.
  • À votre rythme et sans pression, vous seul.e.s savez lorsque vous serez prêt.e.

 

Cet article a été rédigé par la naturopathe Stéphanie Jreijiri, fondatrice d' Equilibre au féminin. Naturopathe, diplômée de l’école Euronature certifiée FENA, Stéphanie propose des consultations en cabinet à Paris le mercredi et en visio ou à domicile à Paris et villes limitrophes le reste de la semaine. Elle vous accompagne dans l’apprentissage de votre corps et de son fonctionnement, pour reprendre le pouvoir sur votre santé et votre hygiène de vie et retrouver ou améliorer votre bien-être physique et émotionnel. Spécialisée dans l’accompagnement du féminin, Stéphanie vous accompagne dans les grands événements de la vie (puberté, maternité, ménopause…), les troubles que vous pourrez rencontrer (cycles irréguliers, endométriose, SOPK, infertilité de la femme et de son compagnon ou parcours PMA…) mais aussi pour vous amener vers un équilibre de vie sain (perte /prise de poids, addiction au sucre, stress…). C’est avec bienveillance et à votre écoute qu'elle vous propose un suivi adapté à vos maux et surtout aux changements que vous êtes prêtes à opérer, sans jamais oublier de se faire plaisir !

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